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Photo du rédacteurORIANE INES

#Critique littéraire : "Les Primates de Park Avenue" Wednesday MARTIN

Dernière mise à jour : 8 avr. 2018


Wednseday Martin est l’auteur de ce livre qui fut grand bruit au moment de sa sortie en 2015. Anthropologue de formation et mère de deux enfants, elle y raconte sa propre histoire, celle de son difficile enracinement dans le très chic Upper East Side de Manhattan, suite au déménagement de sa famille. Venant du Sud plus détendu dans les mœurs, le Nord Est semble être un territoire étranger voire hostile, qu’elle décrit parfois avec une pointe d’humour. Le récit se veut original, dans sa dialectique, elle y analyse ses consœurs, les mamans du quartier dans leur environnement, à travers le prisme de l’anthropologie. Elle fait de ces femmes « les primates de Manhattan », l’objet de son étude. Elle opte pour le rôle de l’analyste qui étudie son sujet avec une hauteur de point de vue, dans le but d’en comprendre les mœurs et habitus.


Analyse

Dans la forme, ce livre de 312 pages présente bien ; dessins design d’Elégantes sur papier glacé. Les couleurs du titre sont séduisantes et glamour, et à l’intérieur, une carte de l’Upper East Side dessinée à la main, et pointant les lieux emblématiques de la vie sociale des mondaines.

Dans le fond, l’auteur use de concepts anthropologiques pour décrire et expliquer des faits, des situations ou faire des constats. Cet aspect dialectique est intéressant car intellectuellement stimulant. Toutefois, elle s’étend sur des histoires de primates de toutes natures qu’elle met en parallèle avec son objet d’étude, les mamans de l’Upper East Side, et qui fut d’un ennui mortel !

Ces apartés sont cités pour conférer du crédit à son analyse, lui apporter richesse et contenu. Cependant le fait que l’auteur chercha désespérément à être considérer par le groupe de femmes, démolit toute la crédibilité de son apport théorique. Ces parties (apartés) m’ont plutôt fait l’effet, d’une vulgarisation anthropologique de l’analyse du « sujet d’étude».


Peut-être que ce point de vue est accentué par le fait que le « terrain d’étude » de Wednesday Martin est un environnement aussi attractif que glamour qu’est l’Upper East Side de Manhattan, et qui représente pour beaucoup d’ambitieux une fin en soi. De ce fait, la perception d’une quelconque scientificité d’analyse dans son récit apparaît d’emblée biaisée, et le point de vue en hauteur de l’anthropologue est caduc face à l’écrasant poids sociologique que représente l’Upper East Side. En effet, le pouvoir de l’anthropologue s’en trouve écrasé, car il mue vers une surprenante aliénation idéologique qui semble inévitable et indomptable face à l’imposant modèle social de l’Upper East Side. L’anthropologue est en difficulté, ne maîtrise pas l’échange. Dans un premier temps, elle n’est pas invitée par les autres mamans, donc elle se retrouve limitée pour analyser les faits, et se fourvoie désespérément en aspirant plus que tout, à être acceptée auprès du groupe, pour favoriser son immigration et glorifier son ego.


En fait ce que beaucoup de lecteurs attendent de cette lecture à mon humble avis, ce sont les ragots, presque à l'image de la presse people en plus détaillés et plus censés. C’est ce point que les journalistes français ont cherché en faisant remonter lors de la sortie du livre, que les femmes de grands tycoons de Wall Street, perçoivent une prime au titre d’épouse et mère modèle.


Description

Wednesday Martin y décrit son arrivée dans le territoire.

La recherche exténuante d’un logement qui passe par des procédures et représentations improbables, pour prouver qu’elle et sa famille sont dignes d’être des leurs.

L’inscription à l’école qui fut un périple de longue haleine, et où le réseau s’avère plus que déterminant.


Ensuite ces mamans.

La violence avec laquelle elles lui ont fait comprendre qu’elle n’est rien, et de ce fait, son enfant n’a pas sa place pour s’épanouir auprès de ses copains de classe hors école.

Cette violence est symbolisée par une indifférence glaçante.

Le défilé des Birkin représentant pour ces femmes, l’apanage du luxe, du pouvoir et de l’argent, ainsi que le cérémonial autour du sac, assumé par elles, perchées sur stilettos, qui veulent indiquer aux autres « je vaux mieux que toi ».


Dans une société aussi conservatrice qu’est l’Upper East Side, la ruine financière rime avec la perte du pouvoir, et par ricochet avec celle de toute considération.

Vous n’êtes plus rien, et les mondaines évitent votre regard et votre présence.

Enfin, le désespoir des mamans, qui sont pour beaucoup et avant tout, des femmes très élégantes, diplômées, fortunées, mariées, mais trompées, par des maris puissants et volages dont elles dépendent.


L’environnement que décrit l’auteur est un lieu glamour et froid, une arène peuplée de femmes pour peu d’hommes.

Les divorcées sont vues comme des prédatrices prêtent à tout pour revenir dans le jeu, où l’excellence est maître-mot et le conservatisme un mode de vie.

Tout n’est pas que verni, ou hostile parmi ces femmes, elles savent aussi briser la glace et apparaître empathiques et vulnérables quand les circonstances s'y prêtent.

...


Point de vue

Ces femmes sont toutefois dignes dans leur façon de maîtriser leurs sentiments, et dompter leurs naturels, afin de renvoyer une image impénétrable et imperturbable. Cela est une force. Toutefois le jeu de rivalité autour du sac Birkin selon l'auteur est ridicule, ainsi que l’ambiance cour de récré qui agite leur environnement.

...

Bref. Récit distrayant, représentant une agréable lecture lors de vacances à la plage, ou entre deux poses de verni à ongles. Aussi prenant qu’un magazine people, cet ouvrage gossip, un brin voyeuriste trahit ses congénères qui aspirent à évoluer dans un entre soi parfaitement lové et totalement privé.

Oriane Ines



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