Le titre est solennel. Il fait référence à une trajectoire personnelle marquée par une mélancolie persistante. Vu qu'il fait plus de 300 pages, je m'en dois d'en faire sa revue. ^^
Maupassant raconte la délicate histoire de Jeanne une jeune fille en fleur, choyée par un entourage protecteur, rêveuse, et éperdument romantique au sens contemporain du terme. Après des années passées au couvent, ayant façonné son éducation, elle rentre au château de son enfance. Un lieu merveilleux baignant dans un environnement pittoresque et bucolique. Sa personnalité passionnée, l'environnement chaleureux, et la rencontre, promettent jadis à cette fillette amoureuse, une ravissante destinée.
Mais la vie est faite de choix...
La trajectoire de la vie de Jeanne est rythmée par un rêve confus, un espoir vaincu. Ce fut une vie comme personne n'en rêve.
Une vie morne dans un confort bourgeois, soit.
Une vie de mon point de vue, qui semble rétrospectivement abrutissante, faite de non choix. Bien sûr il convient de considérer que le lecteur est plongé dans les mœurs du XIXème siècle, elles peuvent susciter pour d'autres un certain charme désuet.
D'un point de vue contemporain, ce récit peut interroger l'indépendance et la grandeur de la femme, en son foyer, et dans son environnement. Plus généralement, cet ouvrage peut remettre en question la capacité à chacun à mener sa vie, à s'inscrire éventuellement dans une certaine postérité. Exister en somme.
Jeanne fut une jeune fille, qui devint femme et resta vieille fille. Son existence est liée à une sempiternelle quémande auprès des siens pour faire des choses. Elle vivota au grès de leurs humeurs. Elle resta polie, et poliment à sa place, celle à laquelle elle fut désignée. C'est une femme ayant refusée de mener sa vie. Elle n'est intelligemment curieuse de rien, rencontre peu l'autre. Jeanne est une femme qui resta enfermée au château.
Cet ouvrage nous rappelle que la vie est ponctuée de bons et mauvais choix, de petits et grands bonheurs, tout autant de malheurs. Mener sa vie signifie faire des choix, des tout petits au très grands, et les assumer noblement. C'est aussi accepter le bonheur tout en faisant face courageusement au malheur, et accessoirement pour les plus distingués, avec la plus grande dignité. Ce récit nous rappelle que l'on peut prendre du temps à ne produire du rien, et qu'assumer sa vie, c'est aussi refuser de rester désabusement hébété dans sa réalité.
Je termine en rappelant qu'en tant qu'être humain, nous sommes résolument tous égaux. Toutefois, je pense cyniquement que nous n'avons pas tous la même dignité. Le jeu de la vie à mon sens, c'est se distinguer par celle-ci, ou pas.
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