Alors que je parcourais Youtube jadis, précisément sur la chaîne de l’INA, je suis tombée sur un court extrait d’une interview de Claude Pompidou dans l’émission L’heure de vérité.
J’ai été intriguée par cette dame très grande et élégante, ainsi que son attitude directe, tout autant que son intimidation palpable. J’ai finis par me procurer l’interview sur le service VOD de l’INA, pour écouter ce qu’elle avait à dire.
Un an plus tard, soit aujourd’hui, je décide de lire sa biographie. Une élégante a souvent tendance à enjoliver les choses, j’écarte donc ses mémoires. A la vue du volume du livre (320 pages), ainsi qu’à la photo sur la première de couverture de cette dame souriante et d’un autre temps, j’en déduis qu’il ne s’agissait pas là d’un récit intrusif aux détails scabreux. Effectivement l’auteur Aude Terray, historienne, a produit un contenu excessivement documenté dont on peut aisément dater les faits connectés à l’Histoire.
C’est l’histoire d’un destin. Celui d’une femme, bourgeoise de naissance, femme du monde en société, amoureuse en privé, et accessoirement épouse de Georges Pompidou, Président de la République Française. Une destinée non-écrite, sous fond de l’amour en filigrane.
Celle de deux individus, Madame et Monsieur, qui vont repousser ensemble et sans effort les frontières des déterminismes sociaux cher à Pierre Bourdieu.
Madame, femme de province, d’une petite ville d’appellation charmante
« Château-Gontier », aurait dû être l’épouse d’un instituteur, et être installée dans le sud de la France.
Monsieur est provincial également. Personnalité joviale, esprit éclairé et très cultivé, il se destinait à une brillante carrière dans l’enseignement. Celui de l’époque, où l’instituteur pouvait être une figure centrale dans la vie d’un enfant et un personnage de roman.
Une vie paisible et ensoleillée guettait ce couple amoureux et rayonnant. Cependant, les entrelacs du destin vont amener doucement ce duo dans les hautes sphères de la société : depuis la haute bourgeoisie issue de la finance, en passant par une aristocratie établie et consensuelle, et en s’achevant dans la politique par la déférente et remarquable stature de chef d’Etat. Madame Pompidou est une personnalité mondaine de la génération d’antan. Un temps où le destin de la femme mariée était étroitement lié à l’aspiration sociale du conjoint. Le mariage étant un pacte d’amour et d’engagement où l’épouse est dévouée à son mari. Le but étant de servir son ambition qui est gage de réussite sociale pour les deux individus.
Ce qui m’intéressa fortement est leur passion commune pour la culture. Madame Pompidou s’est découverte un attrait naturel pour l’art. Elle nourrissait sa passion au côté de son conjoint, et tout deux écumèrent les galeries, les musées, les expositions. Puis viennent les acquisitions, les rencontres, le réseau et l’influence. Cette histoire mua vers la fortune et le pouvoir. La découverte des arts, alla de concert avec une période d’insouciance et de joie. Madame Pompidou eu l’occasion de côtoyer des artistes majeurs de l’art moderne : Zao Wou KI, Marc Chagall, Niki de Saint Phalle, Jean Dubuffet parmi tant d’autres.
Cette façon de vivre l’art a quelque chose d’inspirant, on a tout de suite envie de courir les galeries ! L’art se vit subjectivement. Ça transcende ou pas. Cette parenthèse insouciante et colorée m’a beaucoup plu.
J’ai également aimé le temps de la vie dans le Sud, les bains de soleil quasi quotidiens. Le fait de s’installer dans le Sud avec la volonté ferme de s’y plaire, a quelque chose de bêtement affectueux. Le Sud peut être une terre d’accueil pour celles et ceux qui souhaitent le vivre, c’est un état esprit. Le soleil, les terrasses, les copains, la mer, la garrigue, le chant de cigales. Il faut certainement aimer le soleil. On adopte le Sud et non l’inverse. J’ai apprécié le récit de la vie à Marseille. La vie rangée du Midi comporte tout de même des plaisirs.
Enfin, le récit évoque avec insistance la politique. Effectivement, Claude Pompidou a longtemps était Madame Georges et clamait fort cette posture. La politique amène son lot de jeux de pouvoir, de mesquinerie, d’amabilité et déférence vaine en faveur du statut. Elle est vécue par le rythme des ambitions personnelles, et l’idée d’y accomplir son destin.
La femme d’un politique qui cristallise les jalousies n’a rien de réjouissant. Madame Georges Pompidou subit les attaques personnelles et basses qui servent un dessein ; détruire l’ascension politique de son mari. La politique est évoquée dans le récit comme un univers dont il faut connaitre les codes ; incarner le pouvoir avec charisme et faire suffisamment preuve de manières et respect envers ses paires pour en tirer quelque chose de personnel. L’idée d’amitié et la notion d’ami existe, parait-il…
L’ami est celui qui favorise la courte échelle, mais celui-ci pouvant éventuellement avoir les dents longues par son ambition professionnelle, est un ami dont il faut se méfier.
Certains y trouvent du goût. Le jeu des ambitions et des médisances peut avoir quelque chose d’exaltant croient-ils.
Bref, c’est un long moment dans le livre qui ne m’a pas plus effleuré. L’ouvrage se termine sur la présidence du Centre Georges Pompidou, qui telle est racontée dans le livre, est un dossier tout à fait politique...
J’ai cependant apprécié revisiter l’histoire française du XXème à travers le vécu de cette dame qui y était. L’explication des causes et des effets, les faits ayant amené notre société, voilà qui est captivant.
Par ailleurs, il faut aimer les personnages, ainsi que l’idée de grandeur dans "l’inconventionnel courtois".
C’est ce qui transparaît dans ce livre.
Une vie, Claude Pompidou.
Oriane Ines
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Aude TERRAY,"Claude Pompidou l'incomprise", éditions du Toucan, septembre 2010, 320 p.
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