Montpellier, La Canourgue (centre-ville).
Nous sommes un après-midi de décembre, je fais la connaissance d'une personnalité étonnante, un artiste peintre basé à Montpellier, nommé AGA.
Les passionnés d'Art disent souvent que la vraie richesse est la rencontre avec l'artiste, certains parlent même de privilège. J'ai longtemps été dubitative sur ce point. En effet, pendant longtemps la personnalité de l'artiste ne m’intéressait pas. Je ne voyais pas d’intérêt particulier à rencontrer l'homme qui est derrière, l'homme dans sa complexité. J'avais tendance à penser que c'est du domaine privée, ou que la personnalité peut éventuellement être banale (ou pas), et que je pourrais être tout au plus intéressante, sans aucune forme de pédanterie. Je préférais à cela, des conversations mondaines sans conséquences.
Je trouve que rencontrer l'artiste dans certains cas, peut avoir quelque chose de gênant, car dans une galerie très souvent, on passe, on matte et on zappe. Cela peut être quelque peu déshonorant pour lui.
Le seul intérêt était peut-être de discuter de l'oeuvre et de sa démarche artistique. Effectivement, pour apprécier une oeuvre dans certains cas, il peut être intéressant d'avoir certains éléments de la vie personnelle de son créateur.
AGA, a 75 ans. Il parle comme toute personne qui eut une vie très remplie, vu beaucoup de choses, et appris. Il raconte avec assurance. Il ne cherche pas à plaire, on le prend tel quel. Il m'a dit qu'il fut rarement poli au cours de sa vie. Cela m'a amusé. C'est un chirurgien à la retraite qui en parallèle a passé sa vie à peindre. Il eu plusieurs carrières professionnelles, une famille, une vie. Bien établi, il a de l'influence dans le quartier.
Il était là, modestement affable dans son atelier. Il m'accueilli avec joie, et m'a tout de suite parlé comme si nous nous connaissions depuis longtemps, m'invitant à découvrir tous ses tableaux. À la façon chaleureuse de me recevoir, et son envie grandissante de discuter alors qu'il me connaissait depuis 5 minutes, j'ai compris que c'est une personne qui saisit les gens, et qui m'a semblé être un peu seul.
Ce fut passionnant d'écouter cet autodidacte de l'art se raconter. Il est un homme qui manie avec raffinement l'art de la conversation. Il me répéta plusieurs fois que les écoles d'art formatent les esprits créatifs, et qu'il est tout à fait d'usage qu'une personne non formaté laisse parler son génie. Rien d'étonnant d'après lui, et de ce fait, il y a des génies partout. Les deux heures de conversation furent enrichissantes, c'était une rencontre intergénérationnelle, celle du recul et de la sagesse, face à la jeunesse. À le voir se comporter, et observer son invitation à me mettre à l'aise, j'avais l'impression qu'il m'avait attendu, qu'il allait tout à fait de soi que l'on discute promptement.
Bref, ses tableaux sont marqués par cette spontanéité, cette naturelle désinvolture. Ils respirent l'art de vivre, et transpirent cette remarquable habileté à saisir les autres. Voilà comment pourrai-je décrire son oeuvre, haute en couleur, comme le Monsieur.
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